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Un portrait du Pape François (1936 - 2025)
Le Pape François a été un précurseur dans de nombreux domaines. Premier Pape jésuite, premier Pape originaire d'Amérique latine, premier à choisir le nom de François, premier à être élu alors que son prédécesseur était encore en vie, premier à résider en dehors du palais apostolique, premier à visiter des terres jamais foulées par un Souverain pontife -de l'Irak à la Corse-, premier à signer une déclaration sur la fraternité humaine avec l'une des principales autorités de l’Islam. Il a également été le premier Pape à se doter d'un Conseil des cardinaux pour gouverner l'Église, à confier des rôles de responsabilité à des femmes et des laïcs au sein de la Curie romaine, à lancer un synode impliquant pour la première fois le peuple de Dieu, à abolir le secret pontifical pour les dossiers d'abus sexuels et à supprimer la peine de mort des pages du catéchisme. Premier, encore une fois, à diriger l'Église alors que dans le monde, ce n'est pas “la” guerre qui fait rage, mais de nombreuses guerres, petites et grandes, menées «par morceaux» sur les différents continents. Une guerre qui «est toujours une défaite», comme il l'a répété dans ses plus de 300 appels, même lorsque sa voix faiblissait, qui ont occupé la totalité des dernières déclarations publiques depuis l'explosion de la violence en Ukraine et au Moyen-Orient.
Réformes
Mais François, né Jorge Mario Bergoglio, n'aurait probablement pas voulu que ce concept de “premier” soit associé à son pontificat, projeté au cours de ces 12 années non pas pour atteindre des objectifs ou gagner des primats, mais pour initier des “réformes”. Des réformes en cours, des réformes achevées ou non initiées, des réformes probablement irréversibles même pour ceux qui lui succéderont sur le trône de Pierre. Des actions qui génèrent de «nouveaux dynamismes» dans la société et dans l'Église -comme il l'a écrit dans la feuille de route du pontificat, Evangelii Gaudium- toujours dans la perspective de la rencontre, de l'échange, de la collégialité.
Du bout du monde
«Commençons ce voyage, évêque et peuple», furent les premiers mots prononcés depuis la Loge des Bénédictions, en cette fin de soirée du 13 mars 2013, devant une foule qui se pressait sur la place Saint-Pierre depuis un mois sous les feux des projecteurs, suite à la renonciation de Benoît XVI. À cette foule, le Pape nouvellement élu, âgé de 76 ans et choisi par ses frères cardinaux «au bout du monde», a demandé une bénédiction. Il a récité un Ave Maria avec le peuple de fidèles, trébuchant sur un italien qu'il n'avait pas assidûment pratiqué jusqu'ici, compte tenu des rares visites à Rome du pasteur de Buenos Aires, prêt à refaire ses valises dès la fin du conclave. Le lendemain de son élection, il rend un hommage appuyé au peuple de Dieu en se rendant à la paroisse Sainte Anne au Vatican puis à la basilique Sainte-Marie-Majeure, remerciant l’icône Salus Populi Romani, protectrice de son pontificat, à laquelle il n'a cessé de rendre hommage à chaque moment fort. C'est dans cette même basilique libérienne que François a exprimé le souhait d'être enterré.
Pasteur au milieu de son troupeau
Le Pape a montré de multiples manières sa proximité avec le peuple, héritage de son ministère argentin, au cours de toutes ses années à Rome: avec des visites aux employés du Vatican dans leurs bureaux, avec les Vendredis de la Miséricorde pendant le Jubilé de 2016 se rendant dans des lieux de marginalisation et d'exclusion, avec les Jeudis Saints célébrés dans les prisons, les maisons de retraite et les centres d'accueil, avec la longue tournée des paroisses des banlieues romaines, avec des visites surprises et d’innombrables appels téléphoniques. Il l'a démontré à chaque voyage apostolique, à commencer par le premier pour la Journée mondiale de la jeunesse au Brésil en 2013, hérité de Benoît XVI, duquel on se souvient de l’image de la papamobile bloquée au milieu de la foule.
Premier Pape en Irak
Le Pape argentin a effectué quarante-sept pèlerinages internationaux, au gré des événements, des invitations par des autorités, des missions à accomplir ou de quelque “mouvement” intérieur, comme il l'a lui-même révélé lors du vol retour d'Irak. Oui, l’Irak: trois jours en mars 2021 passés entre Bagdad, Ur, Erbil, Mossoul et Qaraqosh, des terres et des villages encore meurtris par les cicatrices évidentes du terrorisme, avec les murs tachés de sang et les tentes de déplacés sur le bord de la route, en pleine pandémie de Covid et des préoccupations générales en matière de sécurité. Un voyage déconseillé par beaucoup en raison des problèmes de santé et du risque d’attentat, mais un voyage désiré coûte que coûte. Le «plus beau» voyage, a confié François, premier Pape à fouler la terre d'Abraham, où Jean-Paul II n'avait pu se rendre, et à s'entretenir avec le leader chiite Al-Sistani.
La Porte Sainte à Bangui et le plus long voyage en Asie du Sud-Est et en Océanie
Une bonne obstination l'a poussé en Irak. La même, en 2015 l'a amené à Bangui, la capitale de la République centrafricaine blessée par une guerre civile qui, les jours mêmes de la visite, a laissé des morts dans les rues. Dans le pays africain où il a dit vouloir se rendre même si il lui aurait fallu sauter «en parachute», François a ouvert la Porte Sainte du Jubilé de la Miséricorde lors d’une cérémonie émouvante qui marque aussi la première ouverture d’une Année Sainte non pas à Rome mais dans l'une des zones les plus pauvres du monde. C’est à une autre bonne obstination que l’on doit son choix d’entreprendre, à 87 ans, le plus long voyage du pontificat en septembre 2024: Indonésie, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Timor-Est, Singapour. Quinze jours, deux continents, quatre fuseaux horaires, 32 814 km parcourus en avion. Quatre univers différents, chacun représentant les thèmes clés du magistère: fraternité et dialogue interreligieux, périphéries et urgence climatique, réconciliation et foi, richesse et développement au service de la pauvreté.
De Lampedusa à Juba
On ne peut oublier, en retraçant les voyages apostoliques et les visites pastorales, la toute première visite hors de Rome, sur la petite île italienne de Lampedusa, théâtre de grandes tragédies migratoires. François a jeté en mer une couronne de fleurs, dénonçant à Lampedusa comme lors de ces deux voyages à Lesbos en 2016 et 2021 pour rencontrer des réfugiés et des demandeurs d'asile, un «cimetière à ciel ouvert».
L'histoire du pontificat est également marquée par son voyage en Terre Sainte (2014); en Suède, à Lund (2016) pour les célébrations du 500e anniversaire de la Réforme luthérienne; au Canada (2022) avec la demande de pardon aux populations autochtones pour les abus subis de la part de représentants de l’Église catholique. Il y a eu aussi la République démocratique du Congo et le Soudan du Sud (2023), cette dernière étape partagée avec l'archevêque de Canterbury d’alors, Justin Welby, et le modérateur de l'assemblée générale de l'Église d'Écosse, Ian Greenshields, pour souligner la volonté œcuménique de panser les plaies d'un peuple. Concernant le Soudan du sud, il avait réuni les dirigeants au Vatican en 2019 pour une retraite de deux jours, les implorant de panser les plaies de la guerre. Cette rencontre s’était conclue par un geste déroutant: le Pape embrassant leurs pieds.
On se souvient aussi de son étape à Cuba et aux États-Unis (2015), pour sceller l'établissement de relations diplomatiques entre les deux pays. Un événement historique pour lequel François a travaillé pendant des mois, écrivant aux présidents Barack Obama et Raúl Castro pour les exhorter à «commencer une nouvelle étape». Barack Obama lui-même remercia publiquement le Pape. La Havane fut aussi le théâtre d’une rencontre avec le patriarche orthodoxe de Moscou, Kyrill, suivie de la signature d’une déclaration commune pour mettre en pratique «l’œcuménisme de la charité», l’engagement des chrétiens en faveur d’une humanité plus fraternelle. Un engagement qui, quelques années plus tard, est devenu tragiquement d’actualité et, à certains égards, non tenu, au regard du déclenchement d’une guerre au cœur de l’Europe.
La signature du document sur la fraternité humaine à Abou Dhabi
Autre voyage, et non des moindres, aux Émirats Arabes Unis (2019) pour la signature avec le Grand Imam Ahmed al-Tayeb, du Document sur la fraternité humaine couronnant le dégel avec l'université sunnite d'Al-Azhar qui avait commencé par une accolade à Sainte Marthe avant de s’achever par l’adoption d'un texte immédiatement devenu une pierre angulaire du dialogue islamo-chrétien, transposé également dans diverses Constitutions.
Les encycliques
Les expériences, les dialogues, les gestes vécus au cours de ces voyages se sont retrouvés dans les documents du pontificat. Quatre encycliques: la première, Lumen Fidei, sur le thème de la foi, à quatre mains avec Benoît XVI; puis Laudato si', un cri pour invoquer un «changement de cap» pour la sauvegarde de la «maison commune» mise à genoux par le changement climatique et l'exploitation; un texte magistériel pour stimuler l'action en vue de l'éradication de la misère et de l'accès équitable aux ressources de la planète. La troisième encyclique, Fratelli Tutti, colonne vertébrale du Magistère, fruit du Document d'Abou Dhabi, prophétie -avant l'éclatement de nouvelles guerres- de la fraternité comme seule voie pour l'avenir de l'humanité. Enfin, Dilexit Nos pour retracer la tradition et l'actualité de la pensée «sur l'amour humain et divin du cœur de Jésus Christ» et lancer un message à un monde qui semble ne plus avoir de cœur.
Exhortations apostoliques et Motu Proprio
Les exhortations apostoliques sont au nombre de sept: de Evangelii Gaudium, déjà citée, à C'est la confiance, à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance de Thérèse de l'Enfant Jésus. Entre les deux, les exhortations post-synodales -Amoris Laetitia (Synode sur la famille), Christus Vivit (Synode sur les jeunes), Querida Amazonia (Synode pour la région panamazonienne)-, Gaudete et Exsultate sur l'appel à la sainteté dans le monde contemporain, Laudate Deum, suite idéale de Laudato si'- pour compléter son appel à réagir pour notre mère la Terre avant qu’elle n'atteigne un «point de rupture».
Près de 60 Motu Proprio ont été publiés pour reconfigurer les structures de la Curie romaine et l’administration du diocèse de Rome, pour modifier le droit canonique et le système judiciaire du Vatican, pour édicter des normes et des procédures plus strictes dans la lutte contre les abus. C'est le cas de Vos estis lux mundi, un document qui intègre les conclusions, les indications et les recommandations du Sommet sur la protection des mineurs qui s'est tenu au Vatican en février 2019. Ce sommet a représenté l'acmé du travail de lutte contre la pédophilie et les abus commis par des membres du clergé, allant largement au-delà des seuls abus sexuels; une expression de la volonté de l'Église d'agir avec vérité et transparence dans une attitude pénitentielle. Avec Vos estis lux mundi, François a établi de nouvelles procédures pour signaler les cas de harcèlement et de violence. Il a introduit le concept de responsabilité, c'est-à-dire le fait de s'assurer que les évêques et les supérieurs religieux soient responsables de leurs actes.
Réforme de la Curie
Les réformes ont été une constante tout au long du pontificat de François, qui n'a pas voulu passer outre les recommandations des cardinaux des congrégations pré-conclaves qui demandaient au futur Pape de restructurer la Curie romaine et en particulier les finances du Vatican, depuis des années au centre de plusieurs scandales. Le Pape a immédiatement mis en place un Conseil des cardinaux, le C9 (devenu C6 et C8 au fil des ans, au gré des variations du nombre de ses membres), un petit «sénat» chargé de l'assister dans le gouvernement de l'Église universelle et de travailler à la réforme de la Curie. Les fusions de dicastères et autres changements de titres et d'organigrammes ont été les signes du travail en cours; l'étape finale fut la Constitution apostolique Praedicate evangelium: attendue depuis des années, elle fut promulguée en 2022, sans avertissement ni préambule, introduisant des innovations significatives, comme la création du nouveau dicastère pour l'évangélisation, présidé directement par le Souverain pontife, et l'implication des laïcs «dans des rôles de gouvernance et de responsabilité». Les nominations du premier préfet laïc, Paolo Ruffini, au dicastère pour la Communication, de la première “préfète” du dicastère pour les Instituts de vie consacrée, Sœur Simona Brambilla, et de la première présidente du Gouvernorat de la Cité du Vatican, Sœur Raffaella Petrini, sont à inscrire dans cette vague de changements.
Les femmes
Les femmes sont un autre fil conducteur de ces années de Bergoglio sur le trône de Pierre. Le Pape a plus que quiconque confié des rôles de responsabilité à des figures féminines. Il a institué deux commissions pour l’étude des diaconesses. Il n’a jamais cessé de rappeler le «génie» féminin et la dimension maternelle de l’Église (qui «est une femme»). Il a nommé des religieuses, des missionnaires, des professeures, des expertes, des théologiennes aux côtés des cardinaux et des évêques aux tables du dernier Synode sur la synodalité, et leur également donné pour la première fois le droit de vote.
« Tous, tous, tous »
De nombreuses ouvertures ont été opérées par François. Des ouvertures, pas des déchirures ni des ruptures, pour certains trop rapides, pour d'autres trop prudentes. Elles font parties des réformes, comme la concession des sacrements aux divorcés remariés, dans la perspective de l'Eucharistie «médicament» pour les pécheurs et non «nourriture pour les parfaits»; comme l’accueil des personnes LGBTQ+ accompagné d’une invitation à la proximité pastorale, car au sein de l’Église il y a de la place pour «tous, tous, tous»; comme encore l'obstination à dialoguer avec les représentants d'autres confessions chrétiennes et religions, après des siècles de préjugés et de suspicion, en vertu aussi de «l'œcuménisme du sang». Le regard se tourne également vers la Chine, avec l’Accord provisoire pour la nomination des évêques, signé en 2019 et renouvelé trois fois. Une lueur de dialogue, tout au long d’un parcours à obstacles, avec un «peuple noble» qu'il aurait voulu rencontrer. Il n’a pu réaliser ce souhait qui remonte aux aspirations missionnaires de sa jeunesse.
Missionnaire et synodalité
La mission est aussi une thématique clé. En effet, la «missionnarité», invitation récurrente dans ses textes et ses homélies, va de pair avec la «synodalité», un autre terme qui a résonné à de nombreuses reprises au cours de ces douze années. Le Pape a consacré deux sessions du Synode (2023 et 2024) à la synodalité, en renouvelant la structure et le fonctionnement de l'assemblée, en pressentant la nécessité de commencer le chemin synodal «par le bas» et en établissant également dix groupes d'étude pour approfondir des thèmes doctrinaux, théologiques et pastoraux après les travaux de l’assemblée synodale.
Pauvres et migrants
Nous retiendrons ensuite de ce pontificat les axiomes qui ont résumé des réalités ecclésiales, politiques et sociales entières: «culture du déchet», «mondialisation de l’indifférence», «Église pauvre pour les pauvres», «Église en sortie», «bergers à l’odeur de brebis», «éthique globale de la solidarité». L'attention aux pauvres se poursuivra avec l'instauration en 2017 d'une Journée qui leur sera dédiée; journée caractérisée par le déjeuner du Pape dans la salle Paul VI aux côtés des clochards et des sans-abris. Son enseignement sur les migrants, exprimé en quatre verbes «accueillir, protéger, promouvoir et intégrer», restera comme des indications programmatiques pour faire face à «l'une des plus grandes tragédies de ce siècle»; tout comme restera l’invitation à élaborer des «compromis honorables» pour trouver des solutions aux conflits qui déchirent l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique.
Engagement pour la paix
Ces conflits, obsession de ces dernières années, sont dénoncés dans des appels retentissants et des lettres aux nonces et aux populations victimes des violences, apaisées par des appels vidéo -dont l’appel quotidien à la paroisse de Gaza- ou par des missions de cardinaux et l'envoi de biens de première nécessité. «Je ne pensais pas que je serais Pape en temps de guerre», confiait-il dans le premier et unique podcast avec les médias du Vatican à l’occasion du dixième anniversaire de son élection.
La paix a toujours été un objectif constant. Le Pape François n’a cessé de demander des prières pour la paix, d’appeler à des journées de jeûne et de prière –pour la Syrie, le Liban, l’Afghanistan, la Terre Sainte– qui ont impliqué les fidèles de toutes les latitudes. En 2022, il a consacré la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie. Il a organisé des moments historiques comme la plantation d'un olivier dans les jardins du Vatican, le 8 juin 2014, en présence des présidents Israélien, Shimon Peres, et Palestinien, Mahmoud Abbas. Pour la paix, le Pape a fait des gestes inhabituels comme monter dans sa voiture pour se rendre, le lendemain du largage de la première bombe sur Kiev, au siège de la représentation diplomatique de Russie près le Saint-Siège, et rencontrer l’ambassadeur Alexandre Avdeev, pour tenter d'initier des contacts avec le président Poutine et offrir sa disponibilité pour une médiation. François a réprimandé à plusieurs reprises les chefs d’État et de gouvernement, averti les seigneurs de la guerre qu’ils seraient tenus responsables devant Dieu des larmes et du sang versés au sein des peuples et stigmatisé le marché florissant de l’armement. Il a même proposé d’utiliser les fonds des dépenses en armement pour établir un Fonds mondial dont l’objectif honorable serait d’éradiquer la faim. Il a appelé à construire des ponts et non des murs. Il a exhorté les gens à placer le bien commun avant les stratégies militaires; appel parfois été mal interprété et critiqué.
Innovations
Ces dernières années, les critiques n'ont pas épargné le Pape argentin, qui a toujours commenté les difficultés et les vents contraires avec cet humour qui constitue la plus grande «proximité de la grâce de Dieu». François a interrogé et étonné. Il en a fait grincer des dents certains en brisant des tabous, en bouleversant des protocoles et de vieilles coutumes, ou en remodelant la papauté avec un code vestimentaire différent, une résidence différente, une gestuelle et une proxémique inhabituelles, un style pastoral original. Ou encore en s’affichant sur internet et dans des programmes télévisés en direct, en utilisant le compte X @Pontifex, en 9 langues, comme un canal pour transmettre des messages d'une nécessaire immédiateté à grande échelle.
Moments difficiles et problèmes de santé
Au cours de ces années toujours denses, avec de très rares moments de repos (et l'annulation des traditionnelles vacances estivales à Castel Gandolfo), des moments compliqués ont été traversés: des procédures judiciaires -au premier rang desquelles le long et complexe procès sur la gestion des fonds du Saint-Siège-, l’affaire Vatileaks 2, les scandales d'abus et de corruption, ou encore la publication de livres manquant de «noblesse et d'humanité». Des problèmes de santé ont aussi jalonné le pontificat: des opérations à l'hôpital Gemelli en 2021 et 2023, l'admission dans le même hôpital, toujours en 2023, pour des complications respiratoires, puis les rhumes, les grippes et les douleurs aux genoux qui l'ont contraint à se déplacer en fauteuil roulant au cours des trois dernières années.
Données statistiques
Toutes ces difficultés ne l’ont jamais empêché d’avoir une activité intense ni de participer à différents événements. Plusieurs statistiques en témoignent: plus de 500 audiences générales, dix consistoires pour la création de 163 nouveaux cardinaux qui ont redonné un caractère universel au visage de l'Église; plus de 900 canonisations (dont trois de ses prédécesseurs: Jean XXIII, Jean-Paul II, Paul VI); les “Années spéciales”, dont celles de la Vie consacrée (2015-2016), de Saint-Joseph (2020-2021) et de la Famille (2021-2022); quatre Journées mondiales de la jeunesse (Rio de Janeiro, Cracovie, Panama, Lisbonne). À cela s’ajoutent deux Jubilés: le Jubilé extraordinaire de la Miséricorde en 2016 et le Jubilé ordinaire de 2025, actuellement en cours, sur le thème “Pèlerins de l'Espérance”.
La Statio Orbis lors de la pandémie de Covid-19
Jorge Mario Bergoglio est un Pape qui a aussi cherché la proximité avec le grand public à travers des interviews, des livres, d’innombrables préfaces, des autobiographies. De ce Pape, plus que les nombreuses paroles et les multiples écrits, nous retiendrons peut-être une image: lui, seul, boitant, sous une pluie battante, dans le silence, avec pour seul bruit de fond la sirène d’une ambulance, tandis qu’il traverse la Place Saint-Pierre dans le temps suspendu de la pandémie. Le monde confiné le regarde, le 27 mars 2020, pour Statio Orbis qui montre un vieil homme seul sous la pluie, semblant porter sur ses épaules le poids d'une tragédie qui a bouleversé la vie et les habitudes du quotidien. L'humanité est bouleversée, mais le Pape parle d'espérance et de fraternité: «Nous nous sommes rendus compte que nous étions dans le même bateau. Nous sommes tous fragiles et désorientés, mais en même temps, nous sommes tous appelés à ramer ensemble».
Un article de Vatican News