« Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » (Luc 24, 25-26)
Les pèlerins d’Emmaüs quittent Jérusalem dans l’accablement et la déception. Il nous arrive, comme ces pèlerins, d’être déçus, de Dieu qui n’épargne pas nos proches ou n’exauce pas nos prières, de ressentir de l’incompréhension dans certaines situations, de l’injustice lorsque la maladie, la mort nous frappe de plein fouet…
Deux hommes marchent sur la route, vers Emmaüs : ils parlent, il leur faut dire leur souffrance. Jérusalem s'éloigne, mais Jésus demeure présent dans leur cœur et leur esprit.
Voyons ces disciples qui ne reconnaissent pas le voyageur inconnu et inattendu qui les rejoint dans leur tristesse. Jésus se fait proche des désemparés, il les aide à relire ce qu’ils ont vécu, à réentendre ce qu’ils ont reçu de lui, à faire mémoire de ce qui les a fait vivre pendant qu’il était avec eux.
Faire mémoire : non pas simplement se souvenir, mais rendre actuels et vivants ces liens qu’ils ont tissés, pour en comprendre la trame profonde et ouvrir de nouvelles perspectives. Jésus les rejoint et leur demande de quoi ils discutent en chemin. Face à leur tristesse affichée, il les secoue.
Il en est ainsi de toute vie : elle se construit petit à petit dans un chemin qui est différent pour chacun, un chemin de vie où les talents et les qualités personnelles se révèlent.
Une vie, avec ce qu’elle nous donne et nous inflige, oblige à chercher en soi les ressources pour s’adapter. Ainsi, à chaque étape, nait en nous un être renouvelé, plus mûr, plus dense, mais cette métamorphose, nous la recevons des autres.
Une vie à recevoir… une vie à transmettre aussi, car ainsi, l’écrivait saint Paul : « Aucun d’entre nous ne vit pour soi-même ».
Ces dons, ces richesses de notre vie sont autant de biens que nous léguons à ceux que nous faisons advenir à l’existence en présence du Ressuscité.